Arts, Arts verbaux, Poésie

Chaque point d’exclamation (poésies destinées à la perte) – Giampaolo de Pietro

/EXTRAITS

 

 

e rifarsi dei gomiti,

fiancheggiando la scala

che porta agli ultimi rami

riferendosi sempre a uno

degli alberi, il più rivoltoso

quello che si proteggeva

con poco e rivolgeva a tutti

un unico saluto ossequioso

 

(la più verde speranza è

la foglia, la più silenziosa)

 

(ma l’albero che di speranze non ne ha,

ha il torso di tronco e le spalle cispose,

i rami insistenti e altri elementi misteriosi

il lato femminile del suo corpo è uno di

questi)

 

 

et se refaire des coudes,

flanquant l’échelle

qui porte aux dernières branches

se référant toujours à l’un

des arbres, le plus révolté

celui qui se protégeait

avec peu et adressait à tous

un seul salut obséquieux

 

(le plus vert espoir est

la feuille, la plus silencieuse)

 

(mais l’arbre qui n’a pas d’espoirs

a le torse de tronc et les épaules gluantes,

les branches insistantes et autres éléments mystérieux

le côté féminin de son corps est un

de ceux-là)

 

 

 

Sans titre1'

 

 

 

 

Le teste degli alberi piantano cimiteri di spiegazioni e teorie.

Anche quello era sfarsi, nella semplice irrimediabilità, della vita.

 

Les têtes des arbres plantent des cimetières d’explications et de théories.

C’était là aussi le défaire, simple, irrémédiable, de la vie. 

 

 

 

Sans titre2'

(trad. Émilio Sciarrino)

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Claude Guitton – mails en territoire « hors conventions »

 » En préambule à cet échange, je suis celte de la nation Allobroge et la tribu des Vertacomicorii, ceci me servira d’excuse pour une orthographe que je maîtrise d’autant moins que le français n’est pas ma langue, et que nous avons vocation et volonté à revendiquer notre statut de peuple de l’oralité. Ne t’étonne donc pas, je sais que parfois cela rend la compréhension de se que j’écris mal aisé, aussi n’hésite pas à demander des éclaircissements, des précisions sur les passages où elle t’auras plongé dans la confusion. Que veux-tu notre orthographe est à notre image et comme nos territoires souvent imprécise, parfois improbable.

Je suis sans lettre , donc un illettré du Vercors.

Cet précaution prise cela veut dire aussi que ni dans notre langue, ni dans les dialectes germains que nous utilisons occasionnellement nous n’avons de vouvoiement, et comme de plus, nous revendiquant montagnards, à l’altitude d’où je t’écris il n’est pas d’autre tradition que de vivre hors convention en se traitant en égaux, essentiellement pour échapper à des formalismes tueurs d’intentions (et dangereux en cordée), donc effectivement se tutoyer sera une bonne idée et la fonction primera le grade. »

 […]

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Couleur temple

par Yves Bergeret

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Dans la section Epuisement du quartier Titan de la ville du Port. A La Réunion, l’île volcanique surgie récemment – selon le temps géologique – du fond de l’Océan Indien, sans plateau continental, sans aucune autre île visible sur l’horizon. L’île qui a très lentement commencé à être peuplée au dix septième siècle, sans génocide préalable comme aux Antilles, sans commerce triangulaire. Juste ce haut volcan effusif qui ne connaît pas d’explosion, mais de lentes coulées occasionnelles de lave dont certaines touchent l’océan. Dans la masse épaisse des scories du volcan, de très profondes Ravines, aux parois très raides et couvertes de végétation. Ravines taillées à vif par les pluies tropicales massives dans la matière frêle des déjets du volcan. Et parfois un violent cyclone. Puis la paix à nouveau de l’océan vide.

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Retrait, lettre et peau

par Yves Bergeret

Dans notre bourg des Préalpes où il est né il y a à peine plus de cinquante ans, il arpente en boitant matin et soir la rue principale ; on le salue, on lui parle un peu, il répond par un lent émerveillement apparent, la bouche très humide, juste quelques mots, souvent répétant ceux qu’il vient d’entendre. Il rend des petits services, balaie la salle d’un bar, le trottoir devant un autre bar, fume ses grosses cigarettes, remonte la visière de sa caquette sur son crâne, rit d’un bon rire lent, ses yeux bleus ancrés dans un paysage de sombre remuement intérieur où il trouve une sorte de réconfort, parmi le glissement abrasif de notre monde.

Avec sa pension de handicapé et quelques sous gagnés ci et là il s’achète des stylos-billes et des crayons de couleur. Il adore dessiner sur des feuilles le plus souvent au format A4. Il en est fier. Il ne sait lire et écrire que les lettres du prénom sous lequel tout le monde le connaît.

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Arts verbaux, Poésie

L’Os Léger en Sicile : éthique de la langue-espace dans l’œuvre de Yves Bergeret

par Arsène Caens

/TERRAIN

—YVES BERGERET

Présentation

Yves Bergeret est un poète français né en 1948. Il publie depuis 1978 sous forme de recueils – L’Avance (1984), Poèmes de Prague (1998) etc. – de livres d’artistes  en collaboration avec des plasticiens – Poèmes du grand atelier (2012), avec des gravures de Maya Mémin etc. – où des ouvrages d’anthropologie poétique de l’image – L’image ou le monde. Trois voyages vers les églises peintes de Chypre (2008), Couleur (2012) etc.

Il faut ajouter à cette liste d’ouvrages une somme importante – en réalité centrale et majoritaire dans l’oeuvre de Yves Bergeret – d’actions en extérieur (Martinique, Mali, Sicile, Alpes…) avec des « créateurs populaires », donnant lieu à autant d’installations in situ, généralement suivies d’expositions en musée ou en galerie. Ces réalisations aboutissent le plus souvent à des publications – Cadastre et mailles (2005), La maison des peintres de Koyo (2006) – utiles aussi bien à l’anthropologue, l’historien ou le critique d’art, qu’à l’artiste contemporain, plasticien ou poète à la recherche de voix neuves pour faire œuvre de sa parole.

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