Arts, Arts verbaux, Poésie, Projet poésie été 2016

/4

Guillaume
Le 8 août
À Samuel, Florian, Peter, Arsène

Réponse au poème «Caen, Jardin des Plantes» envoyé par Samuel le 12 juillet.

La poésie
Mon cher Samuel
Ne se réduit
Au seul réel

La poésie
Est éclatée
Comme le fruit
Du staphylier

(De diérèse
Tu n’auras point
Pas plus de fraise
Au mois de juin)


Guillaume
Le 8 août
À Samuel, Florian, Peter, Arsène

Bon y a des fraises
Au mois de juin
Mais de diérèse
On n’en voit point


Samuel
Le 8 août
À Guillaume, Florian, Peter, Arsène

Ne goûte au fruit
Du staphylier
Que le poète
Réalisé

La rime est à
Abandonner
Comme une graine
Qui n’a germé

Pour le poète
Le fruit est plus
Fort que la fleur
Même embaumé


Guillaume
Le 8 août
À Samuel, Florian, Peter, Arsène

Les fruits sont mûrs
La fleur c’est mort
La poire est sûre
L’été nous dore


Samuel
Le 8 août
À Guillaume, Florian, Peter, Arsène

J’adore l’épure
Le pur décor
Une écriture
Jetée au sort


Guillaume
Le 8 août
À Samuel, Florian, Peter, Arsène

J’adore encore
La couleur pure
De la ramure
De l’hellébore


Samuel
Le 8 août
À Guillaume, Florian, Peter, Arsène

Celle du cerf
Notre pâture
Dont il se sert
Et si peu dure


Guillaume
Le 8 août
À Samuel, Florian, Peter, Arsène

Papa Bambi
A sa fêlure :
Il est ravi
Par les voitures


Samuel
Le 8 août
À Guillaume, Florian, Peter, Arsène

Pour l’aventure
Poète dit
sur son fémur
une homélie


Guillaume
Le 9 août
À Samuel, Florian, Peter, Arsène

A propos des échanges de quatrains d’hier :
J’espère, chers amis, que vous visualisez ce poète, concentré et ému, composant dans la forêt au bord de laquelle passent des voitures, devant la patte d’un cerf mort, tandis qu’une hellébore monstrueuse projette son ombre sur la scène.


Guillaume
Le 10 août
À Samuel, Florian, Peter, Arsène

Bonsoir.

Une contribution pour le projet !

Bonne lecture,

Samuel et Guillaume.

  

Par défaut
Arts, Arts verbaux, Poésie, Projet poésie été 2016

/3

Guillaume
Le 16 juillet
À Arsène, Samuel, Peter, Florian

Photo de mon dispositif d’écriture, ce soir samedi 16 juillet.
J’écris et je réécris mes quatrains. Et vous, comment écrivez-vous ?


Arsène
Le 21 juillet
À Guillaume, Samuel, Florian, Peter

Salut les amis,

J’espère que votre été se passe bien !

Alors, je suis revenu de la montagne cette semaine, où je n’ai pu que le premier jour vous envoyer quelque chose par mail. Le reste du temps la batterie était très limitée et la connexion aussi. Peu importe.

Pour répondre à Guillaume sur la façon dont, en ce qui me concerne, j’ai écrit en Suisse – grand merci à toi d’embrayer sur le contexte d’écriture ! Voilà en gros :

– après être arrivé en Suisse dans la ville de Monthey, j’ai écrit essentiellement au bord du skatepark de la ville. Ainsi qu’au MacDonald (mais pas de photo de l’endroit actuellement sur mon ordinateur).

– Ensuite je suis monté dans la montagne où il a plu presque tout le temps… Donc j’ai écrit dans les transports (bus), une chambre de gîte où j’ai été accueilli grâce à ma sœur qui y travaillait, puis en marchant les derniers jours dans la montagne lorsqu’il faisait beau de nouveau

– Et enfin, un peu aussi dans le chalet de la famille d’Aurore (ma chère dulcinée) que j’ai rejointe à la fin.

À l’issue de ça, je vous envoie une chose : la première reprise (vous reconnaîtrez) des notes du premier jour que je vous ai envoyé depuis le MacDonald quand j’étais sur place ; reprise que j’ai faite jusqu’à aujourd’hui à Paris.

Je mets le document en word (et pas en pdf) pour que vous puissiez intervenir comme vous le voulez directement sur le texte : pourquoi ne pas développer le dialogue à l’intérieur même de nos poèmes ? Ça serait une chose extraordinaire.
À voir.

N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, et à réagir.

À bientôt !

Arsène
Ps: je vous propose de repousser à fin novembre la clôture (indicative) de notre correspondance. Cela sera probablement plus simple pour nous tous, et en particulier pour Peter qui a un été très chargé et qui nous rejoindra plutôt dans nos échanges à partir de la rentrée en gros
Pss : répondons aux mails dans une même chaîne, comme ça on a sous les yeux tous les mails précédents !

Textes – été 2016

Samedi 9, premier jour

 

— Dans le train en venant, vers 11h, la veille

0.

et même si on croit d’abord
voir

ici la baie encollée d’un archipel extrême
-asiatique
criblé d’énigme…

 

— Dans le bus à Monthey, vers 14h

1.

sur la carte de l’application iPhone
une fois
passé le Léman

on voit l’étendue qui sépare la courbure du Rhône
au niveau exact
de la zone industrielle et la route nationale est en jaune
au-delà

<— (direction des Dents du Midi) la zone des abords de Monthey où j'ai posé mon campement dès l’arrivée

la route ouvrant à des buissons
des fourrés des gradins saturés où
obliquer dans un interstice le soir

qui s'échelonnent en montant
lorsqu’on les suit du regard
sur les pentes au départ de la ville vers les Dents

— Arrivant vers le skatepark, vers 14h30

2.

où aussi les valons
se laissent par touches reconstituer
dans un plissement de l’œil

découvrant l’herbe vide des champs enclos
qui apparaissaient
en venant dans mon souvenir par degrés
et les futaies

les bosquets bourgeonnant à vue
à mesure que s’animent  les amas de tôles frappés par le soleil
les fumées d’usines verticales
les plages multiples de béton chauffées progressivement conduites à se
raréfier

où enfin se laisser prendre
dans un parcours au lointain
de reflets
aveuglants
sis en bordure périphérique de la ville
où le skatepark est en place
toujours
-Au skatepark

3.

et à son bord  même
aucune crainte à laisser s’étaler démontés
planche vis et boulons sur un carré de plastique
où est aussi posée la clé
deux t-shirts et devant

des pavés droits
des barres
des courbes vieillies rendues au point presque
où serait démantelée
toute pièce à pièce l’image désirée
mais c’est là
une étape nécessaire

Le reste de l’après-midi

4.

— session skate —

– Dans la zone industrielle de la ville, vers 13h, le lendemain

5.

Au MacDo, laissant dehors
un bon cagnard par le wifi d’1h écoulée
des nouvelles
se reçoivent
des nouvelles

une facture edf
par mail un poème tout nouveau  de Samuel
et part en 4G une image pour Oscar (1)

— (1) Oscar c’est Oscar Roméo
qui publie sur son site des images jalonnant
notre parcours de ride commun

tout ça
avant d’avoir à détailler peut-être
qui sait sous les branches la trace de mon sac absent
volé dépecé, sans doute
sans doute ferons-nous plus prudemment demain

 


Arsène
Le 21 juillet
À Guillaume, Samuel, Florian, Peter

 

Cet enchaînement
entre l’évocation de la main
du poète
et une silhouette qui s’efface…

À l’issue de ton poème,
Samuel je me demande
ne serait-il pas
lui-même cette mêlée concise dont tu parles
avec tant de douceur


Guillaume
Le 25 juillet
À Arsène, Samuel, Florian, Peter

Reçu de Samuel, aujourd’hui, par SMS :

« Salut Guillaume,
Peux tu faire passer ceci à la communauté des poètes… pas de connexion Internet en ce moment, au fin fond de l’Ardèche !
Bise,
A bientôt à Paris !

J’écris
des mémos textes
dans mon smartphone

Au pied des gorges
depuis la rive
de la rivière
le corps couché
sur des galets
polis mais durs
sous un feuillage
sous mon chapeau
sous trente cinq
degrés dans le
bruit des cigales
dans la rumeur
des baigneurs les
conversations
des vacanciers
les accords de
guitare d’un
musicien é
garé par là

Me relevant
la nuit aux ca
binets au saut
du lit au pe
tit-déjeuner
prenant ma douche
dans la voiture
en conduisant
marchant à pied
par la pensée
par intermit
tences par grap
pes de secon
des dérobées
sans le savoir
sans y penser
J’écris »


Guillaume
Le 26 juillet
À Arsène, Samuel, Florian, Peter

J’ai relu vos productions Samuel et Arsène, et c’est tellement bien ! Tellement riche en images ! Ça me réjouit vraiment.
Le poème-paysage-carte-postale-de-vacances devrait être un genre en soi.

(D’ailleurs ça me rappelle que j’en avais écrit un pour Samuel – sans plus d’ambition que celle de faire un clin d’œil – au printemps dernier au retour de petites vacances chez des copains en Angleterre :

Des breakfasts sans bacon
– Donne un bout que je morde

Nous foulons des gazons
Well taillés à la corde

Nous rêvons de maisons
That we’ll never afford

Même au pub nous gardons
nos airs de pseudo lords

God mais qu’il était bon
Ce week-end à Oxford)

Je pars en vacances en Auvergne pour ma part vers le 13 août je crois. En attendant j’écris toujours les quatrains-haïkus du projet dans lequel je me suis lancé, j’espère pouvoir vous lire tout cela un jour.

À très vite,

g.


Samuel
Le 27 juillet
À Guillaume, Arsène, Florian, Peter

Bonjour tout le monde.
J’ai trouvé un point wifi !

Une remarque à propos du dernier mail de Guillaume : dans les cartes postales poétiques, je pense à ton « indien » de ce printemps (in english for Peter).

Arsène, J’ai lu avec plaisir ton poème en réponse à “la sauvette »… je mûris mon écho…

J’ai produit plusieurs poèmes que je vous distillerai dans les jours à venir.
Pour aujourd’hui, je vous propose des photos… C’est une série (en cours) que j’ai intitulée : « Images mentales »…


Samuel
Le 4 août
À Guillaume, Florian, Peter, Arsène

Bonjour,

Je vous envoie un poème en réponse au premier écrit d’Arsène. À bientôt, écrivez bien!

Skater. Sonnet démonté.

Pour le skater le paysage
qui entoure la mer figée
des rails des rampes ondulées
figure un parcours le présage

Il regarde du fleuve au loin
les méandres de la montagne
il scrute la ligne de crête

Yeux clos dans sa tête il combine
les enchaînements de figures
où il pourra recomposer
le paysage puis s’élance

Un temps suspendu dans les airs
il semble glisser sur la ligne
de crête des monts alentour

3 août 2016.

Samuel

 

 

Par défaut