par Bertrand Agrech
Cette histoire traite d’une rencontre. C’est celle d’un petit con de 20 ans et d’un pauvre homme à qui il ne reste plus que la rue comme foyer.
A l’époque, je travaillais dans un restaurant. Il était situé aux alentours de Saint-Michel. C’était un restaurant complètement touristique. C’était l’été et les clients représentaient une masse incroyable. Je crois que l’on devait être début juin, je ne sais plus exactement. Les patrons à cette époque ne pensaient qu’à faire du chiffre ; c’est à dire, faire consommer le plus de clients pour avoir le plus gros chiffre d’affaire possible. Je bossais à temps plein et quelques fois, je dois dire que j’avais le plaisir de faire la « fermeture ». A cette période, je vivais à droite à gauche chez des amis. Par conséquent je n’étais attendu nulle part. Je parle bien de plaisir car premièrement c’était mon premier vrai job et puis faire la fermeture à des horaires inconnues m’excitait pas mal. En effet, quel type de client pouvions nous croiser à ces heures tardives ? Et puis franchement, à ce moment là de la nuit, il y a une ambiance vraiment spéciale. Les gens déambulent dans les rues comme des visiteurs. Ils sont à la recherche de plaisir et cherchent à les satisfaire dans ces quartiers.
Quand j’avais dans les 13/14 ans mes parents m’obligeaient à me coucher à telle ou telle heure. Mais dorénavant il n’y avait plus aucune limite. Je pouvais finir mon travail vers 2 heures du matin tout en sachant que c’était baisé pour choper un métro. Après 2 heures donc, personne ne pouvait savoir ce que je ferai. J’étais responsable par mon travail mais surtout j’étais libre de faire ce que bon me semblait.